Projection du documentaire Devi : une soirée d’émotions et d’engagement

Le 28 mars dernier, AEIN a eu l’honneur de coorganiser, aux côtés de l’association Stand Speak Rise Up !, la projection du poignant documentaire Devi au Kinepolis Kirchberg. Cet événement exceptionnel a rassemblé près de 80 personnes, venues témoigner leur solidarité envers les survivantes de viols de guerre et leur intérêt pour des récits trop souvent réduits au silence.

Avant la projection, une brève présentation a permis de contextualiser l’engagement des deux organisations. Françoise Binsfeld, directrice d’AEIN, et Chékéba Hachemi, représentante de Stand Speak Rise Up !, ont rappelé l’importance de briser le silence autour des violences sexuelles et d’amplifier les voix des survivantes. AEIN œuvre depuis plus de 57 ans pour la défense des droits des femmes et des filles, et notamment pour l’accompagnement des survivantes de violences sexuelles au Népal. De 2016 à 2021, un projet dans le district reculé de Rukum Ouest a permis d’améliorer l’accès à la justice ainsi que la santé physique et mentale de 1 700 survivantes du conflit civil népalais.

Fondée à l’initiative de S.A.R. la Grande-Duchesse de Luxembourg, Stand Speak Rise Up! agit pour lutter contre le viol utilisé comme arme de guerre et pour amplifier les voix des survivantes à travers le monde.

Devi, réalisé par Subina Shrestha, retrace avec une profonde humanité le parcours de Devi Khadka, une survivante de viol en temps de guerre. Le film dépeint son combat contre l’injustice, la stigmatisation et le rejet social dans un Népal encore marqué par les traditions patriarcales. Lorsque Subina a commencé à suivre Devi en 2019, il s’agissait de l’histoire d’une seule femme hésitant à revisiter ses blessures. Aujourd’hui, grâce à son courage, plus de 1 000 femmes se sont jointes à elle dans le collectif Aparajit – Les Invaincues – pour briser le silence. Il y a quelques jours à peine, ce mouvement a conduit la Commission Vérité et Réconciliation du Népal à enfin accepter 800 témoignages de violences sexuelles liées au conflit, contre seulement 314 cas recensés en dix ans.

Après la projection, un échange intense et émouvant a permis au public de dialoguer directement avec Devi Khadka et Subina Shrestha. Les discussions ont approfondi la compréhension des enjeux liés aux violences sexuelles dans les contextes de conflit, ainsi que des mécanismes nécessaires pour garantir justice, réparation et reconnaissance.

La soirée s’est poursuivie autour d’un verre et de délicieux momos népalais, dans une atmosphère chaleureuse et engagée. Ce moment de convivialité a permis de prolonger les échanges entre participants, organisateurs et invitées.

Cet événement a une fois de plus démontré la puissance du cinéma engagé comme levier de sensibilisation et de transformation sociale. Il a surtout rappelé combien il est essentiel de créer des espaces où les récits des survivantes sont écoutés, respectés et valorisés. Ensemble, continuons à faire en sorte que leurs voix soient entendues, crues et soutenues — aujourd’hui et aussi longtemps qu’il le faudra.